lundi, janvier 8

J'ai lu pour vous

Une autre vision de l’Afrique

J’ai lu pour vous un article fort intéressant de Elikia M’Bokolo, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS, Paris).

Selon Elikia M’Bokolo, l’Afrique demeure un continent mal compris. Les visions successives de l’Afrique, essentiellement forgées depuis l’Occident, ne reflètent guère les réalités profondes de l’Afrique. Elles n’ont donc pas aidé à comprendre l’Afrique, ni permis à ses partenaires de contribuer efficacement à sa marche en avant. Il est nécessaire de développer et de promouvoir une autre vision de l’Afrique.

L’Afrique est plurielle: ses composantes sont multiples et les particularités « interdisent de tirer, trop rapidement, de ce qui survient à un endroit des conclusions qui seraient valables pour l’ensemble de l’immense continent ». C’est le contient qui a vu se développer des dynamiques extrêmes et contradictoires au cours de la dernière décennie, particulièrement au plan politique : d’un côté, des avancées significatives dans la consolidation de l’Etat de droit et dans la constitution d’une citoyenneté agissante et de l’autre, « la cristallisation d’espaces voués au travail de la mort et à toutes les figures de l’oppression ».

L’Afrique est aussi un gigantesque vivier de jeunesse : la majorité de sa population née après 1990 et en délicatesse avec son héritage contrasté (l’apartheid, les indépendances, l’étatisme économique ou les régimes despotiques des « partis-Etats ») est prête à relever les défis d’aujourd’hui et de demain afin de faire de l’Afrique, le continent du vingt et unième siècle.

En ce début du XXIe siècle, les raisons d’inquiétude existent et interpellent les consciences collectives: les dérives identitaires, les télescopages de frontière et la « récurrence des drames individuels et collectifs et des violations des droits élémentaires », le gaspillage des ressources. Elles imposent aux Africains, une prise en charge collective si l’Afrique veut refaire son retard dans le développement.
C’est dans la durée qu’il conveint d'inscrire les actions de transformation et de reconstruction de l’Afrique. La frise de l’histoire de l’Afrique au cours du XXe siècle l’illustre à suffisance : une trentaine d’années (de 1944 à 1975) pour obtenir l’émancipation politique du continent, une vingtaine d’années (des années 70 à 90) pour s’affranchir des dirigeants despotiques et se mettre à l’école de la démocratie. Ainsi, l’Afrique disposerait-elle d’une énergie sourde mais irrésistible dans laquelle il convient de puiser pour bâtir sa renaissance.

L’autre vision de l'Afrique invite à cesser de présenter le continent comme « un enfant qu’il faut prendre par la main dans la voie du progrès » car l’Afrique « a besoin qu’on la laisse, en intelligence et en confiance, accomplir son historicité ».
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