lundi, juin 8

Appel pour une vraie réforme de la gouvernance financière mondiale

Comme vous l'aurez constaté, je n'ai pas l'habitude de relayer les articles écrits par les autres sur ce site. Mais, après avoir lu cette note d'information de l'OIF (Organisation Internationale de la Francophonie), je n'ai pu m'empêcher de le faire, tellement je me suis senti proche des positions prises.

En décembre dernier, dans la note de vœux formulés à l'adresse des amis et lecteurs, j'écrivais :

« L'année 2008 s'achève dans un contexte extrêmement difficile et on peut penser que les ondes de choc se feront sentir chez nous dans les mois à venir. Une motivation supplémentaire pour nous inciter à plus de raison (penser autrement), d'efficacité et de discipline ».

Comme on le prévoyait, la crise financière s'est doublée d'une crise économique aiguë, voire une récession pour plusieurs économies, y compris les pays du Nord. Au Sud, les entreprises exportatrices ont revu leurs prévisions à la baisse. Le secteur du tourisme agonise et le volume des transferts en provenance des émigrés s'est contracté. Au niveau de l'union, les banques commerciales qui, pendant longtemps ont boudé la BCEAO, se bousculent au portillon de l'institution d'émission et de régulation pour vendre leurs titres de créances sécurisées (obligations et bons de trésor, titres émis par les établissements de crédit, etc.), pour retrouver un peu de liquidité. Les mécanismes de décaissement de l'appui d'urgence du FMI décidé au G 20 de Londres et récemment de la BAD pour soulager les économies émergentes en détresse ne sont pas encore connus et le stock de dettes intérieures s'amplifie. C'est dire que ce n'est pas demain la veille. Il est à craindre que les prochaines phases soient marquées par des pertes massives d'emplois et une précarité généralisée.

Bonne lecture!

La CNUCED et l'OIF pour une « vraie réforme » de la gouvernance financière mondiale

Les cours des principales places boursières, orientés à la hausse depuis quelques semaines, ne doivent pas induire en erreur. Non seulement la crise financière mondiale n'est pas terminée mais ses effets sur l'économie réelle seront persistants et auront un coût social et humain très élevé, surtout dans les pays les moins favorisés.

Tel est le constat du premier symposium public de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED), organisé du 18 au 19 mai à Genève. A cette occasion, l'Organisation internationale de la Francophonie a pu exprimer devant les participants une conviction qu'elle s'est forgée dès le début de la crise : la récession touchera avant tout les millions de personnes vivant dans les pays en développement et qui sont déjà en temps normal confrontés à des conditions de vie particulièrement difficiles. C'est en priorité pour eux que doit être réalisé le nécessaire effort de réforme de la gouvernance financière mondiale.

Pour aider les populations du Sud, il devient urgent de mettre en place un système de régulation financière planétaire, opérationnel, efficace et suffisamment représentatif et de convenir d'un mécanisme d'effacement de la dette. Les populations de nos Etats-membres attendent que l'on passe des déclarations d'intentions aux actions concrètes. Comme l'a déclaré le Secrétaire général de la CNUCED, M. Supachai Panitchpakdi, « nous devons mettre en œuvre de vraies réformes, nous ne pouvons pas nous contenter de changements cosmétiques ».

Les données économiques dont nous disposons sont plus qu'inquiétantes et devraient également nous pousser à l'action. Alors que les dernières prévisions économiques du Fonds monétaire international (FMI) font état d'une croissance limitée à seulement 1,5% en Afrique subsaharienne pour 2009 (contre 5,5% en 2008), ce sont les revenus liés au travail et les revenus de transfert qui risquent de chuter brusquement, faisant plonger des millions de personnes dans une extrême pauvreté.

Dans ce contexte peu réjouissant, on ne peut que se féliciter de l'engagement des institutions financières multilatérales, comme le FMI et la Banque mondiale, à augmenter le volume de leurs prêts concessionnels et à simplifier leurs conditions d'attribution. Cependant, l'action conjoncturelle, aussi nécessaire et impérative soit-elle, ne doit pas faire oublier que la crise a des causes structurelles et que c'est donc sur les fondations du système financier qu'il convient d'agir.

L'OIF considère pour sa part qu'il serait dommageable de laisser passer une telle occasion de réforme alors que la Communauté internationale est comme jamais mobilisée contre la crise et que le G20 de Londres a donné vie à un consensus pour l'action.

Tharcisse URAYENEZA,

Directeur du Développement durable et de la Solidarité de l'OIF

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