mercredi, mars 29

L'agriculture a le pouvoir de transformer les économies en Afrique

Le développement agricole est à la traîne en Afrique subsaharienne. Alors que le PIB global a augmenté de plus de 6% par an entre 2001 et 2008, le PIB agricole n’a augmenté que de 3,4%. Dans un contexte global, l'Afrique subsaharienne est la seule région qui n'a pas réussi à améliorer la productivité agricole, pour diverses raisons, dont le sous-investissement, les infrastructures insuffisantes, l'insécurité foncière, les politiques de prix défavorables, la faiblesse des institutions, la déconnexion des marchés et les risques agricoles systémiques liés aux changements climatiques.

La région est encore fortement dépendante de l’importation pour nourrir sa population. En 2011, l'Afrique subsaharienne a importé $43 milliards de produits agricoles tout en exportant $34 milliards ce qui a eu comme conséquence un ralentissement des investissements et la flambée des prix des produits de base. Selon la BCEAO, l’évolution des prix à la consommation entre 2002 et 2011 a été essentiellement imprimée par le niveau de la production vivrière dans l’Union, et les tensions sur les cours mondiaux du pétrole brut et des importations vivrières. 

Le renforcement de l'agriculture africaine est donc une nécessité et un moyen de répondre à la demande croissante en nourriture induite par l’accroissement de la population et une urbanisation galopante. Un quart des habitants de la planète en 2050 seront Africains, selon une récente étude de l’ONU sur l'évolution de la population mondiale dont 60% vivront en ville. Plus d’un milliard d’Africains seront des citadins, contre 400 millions actuellement. Les projections anticipent un taux d’urbanisation de 50% d’ici l'année 2030 et de 62% en 2050. Déja des villes comme Lagos and Kano comptent plus de 20 millions d’habitants.

La ville africaine, c’est aussi le lieu d’expression préféré de la jeunesse (l’âge moyen des citadins africains est de 18 ans) particulièrement touchée par la précarité de l’emploi. Ils sont sans réelles opportunités d’emploi à cause de la faiblesse du tissu industriel et la prépondérance des entreprises commerciales.  

Et pourtant, l’agriculture présente un énorme potentiel en Afrique subsaharienne. La région dispose de vastes quantités de terres non cultivées - près de la moitié de la disponibilité mondiale, des ressources en eau inexploitées et de la main d’œuvre abondante et peu coûteuse.  Par ailleurs,  de nombreux gisements d’amélioration existent : gap substantiel sur les rendements, faiblesse de la mécanisation agricole et du taux de transformation des produits de base, les pertes énormes de récolte, méconnaissance et approche intuitive des marchés, etc. 

De nombreuses études ont également conclu que la croissance générée par l'agriculture en Afrique subsaharienne est plusieurs fois plus efficace pour réduire la pauvreté et créer des emplois que la croissance du PIB dans d'autres secteurs.  Ceci est d’autant plus vrai que la région regorge d’atouts et de moyens. La région possède de vastes terres non cultivées, soit près de la moitié de la disponibilité mondiale, des ressources en eau inexploitées. C’est pour cela qu’elle doit être au cœur de l’agenda de la transformation de nos économies. Pour ce faire, elle doit être attrayante et compétitive  ce qui nécessite des investissements massifs, aussi bien publics que privés, la création d’opportunités nouvelles pour l’entreprenariat des jeunes et une meilleure connexion aux marchés domestiques et régionaux. Cela peut se produire en optimisant les chaînes de valeur agricoles à fort potentiel de croissance en veillant à intégrer le maximum de petits producteurs dans l’économie formelle.

ll existe un florilège de modèles économiques qui soutiennent les petits agriculteurs, le socle de l’agriculture commerciale dans la région et l’industrie agroalimentaire tout en facilitant leurs accès aux services financiers, aux intrants, aux technologies, à la matière première de manière régulière, aux marchés et à l’information. Ces modèles ont fait leur preuve  


Dans les prochaines notes, je vais tenter de répondre aux questions suivantes: Qu’est-ce qu'une chaîne de valeur agricole, en quoi est-elle différente de la filière, quels sont ces modèles économiques que les entreprises actives dans les systèmes de  marché déploient pour accroître la valeur ajoutée, assurer la compétitivité de leurs produits sur les marchés et s’adapter aux mutations, et comment l’approche de financement des chaînes de valeur met en évidence les opportunités d’investissement rentables et attise l’appétit grandissant du secteur financier pour l’agriculture.