Je viens de terminer une tournée dans cinq pays de la sous-région (Niger, Bénin, Burkina Faso, Mali et Sénégal) pour le compte de la Foire Régionale de Développement, un projet initié par la Banque Mondiale en vue de promouvoir l'entreprenariat et la croissance dans les pays émergents. Entre autres activités, le projet organise des forums et le thème retenu pour la région Afrique de l'Ouest cette année est « Innovation dans l’esprit d’entreprise, moteur d’un développement accéléré de l’Afrique de l’Ouest ». Dans ce cadre donc, le projet a lancé un appel à concurrence pour la création d'entreprises innovantes et compétitives. Des récompenses (subventions et assistance technique) seront attribuées aux entrepreneurs sélectionnés sur la base de la viabilité commerciale et financière de leur projet démontrée à travers le plan d'affaires. Le projet implique d'autres partenaires comme les banques commerciales et autres institutions et agences d'appui au développement de la PME. Une centaine de finalistes présélectionnés sur la base de leurs idées novatrices participent à ce concours régional de plan d'affaires.
Mon rôle était de proposer le cadre conceptuel et la méthodologie adaptée qui permettent aux porteurs d'innovations de transformer leurs idées en entreprises viables. Ma tournée visait à faire les réglages et mises à niveau nécessaires afin que le binôme (entrepreneur et consultant - il est attaché à chaque participant, un consultant qui devra lui assurer le coaching nécessaire) puisse fonctionner efficacement. Question d'equité aussi: s'assurer que tous les concurrents ont accès à la même ressource (information, outils et capacité).
Il est certain que l'innovation est un facteur indispensable pour la compétitivité et la croissance de la PME. Cependant, elle n'est pas une finalité. Elle n'a d'utilité réelle que lorsqu'elle est transformée en valeur ajoutée pour le client. Elle est certes une source majeure d'avantages concurrentiels pour la firme. Mais encore faudra-t-il savoir élaborer la stratégie et le modèle d'entreprise qui permettent à la firme de délivrer une valeur supérieure aux clients et d'assurer une croissance durable. D'autre part, un créateur ou porteur d'innovation n'est pas nécessairement un entrepreneur. Alors, mettez tout cela ensemble et vous voyez très vite les enjeux de ma mission.
J'en viens maintenant à l'objet de cette note. Chaque fois que j'ai l'occasion lors des ateliers de formation, j'ouvre une discussion sur comment faire du choix de nos états, une réalité; autrement dit, comment faire pour que la PME devienne le moteur de la croissance et du développement. Au cours de l'atelier du Mali, j'ai eu droit à une excellente présentation d'un promoteur que je voudrais partager avec vous. Il commence sa présentation en disant: Ecoutez! Je suis de formation Ingénieur en mécanique et pour moi, tout s'explique par la mécanique, autrement dit la contradiction des forces. Pour lui, la PME dans notre environnement est tiraillée entre deux forces: les forces positives et les forces négatives (avec un dession à l'appui).
Au titre des forces négatives, on trouve:
la pesanteur sociale: la perception du privé , absence de considération pour l'entrepreur, le mythe du fonctionnaire (jusqu'à une date récente, c'etait la voie royale), les blocages culturels, etc.
la pesanteur du sous-développement: insuffisance d'infrastrure, qualité de la ressource humaine, étroitesse des marchés, l'accès difficile au financement et au marché, la globalisation dans un seul sens, etc.
la pesanteur de l'absence d'informations économiques: l'information est une matière première; elle est rare dans notre environnement.
la pesanteur de l'occident: absence d'autonomie politique et économique
La pesanteur (lourdeur) administrative: la bureaucratie, les contraintes institutionnelles, etc.
Au titre des forces positives, on trouve, envers et contre tous, l'ENTREPRENEUR. Pensez au charretier en train de tirer sa charrette alors que celle-ci est retenue par toutes les pesanteurs évoquées ci-avant. La mission est pratiquement impossible. L'image était trop forte. Et tout l'atelier a vivement acclamé notre ingénieur en mécanique. Belle leçon de mécanique pour les chercheurs que nous sommes!
Qu'en pensez-vous? Merci par avance pour vos commentaires!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire