lundi, décembre 29

Social Business en Afrique, une nouvelle dynamique

La communauté des affaires commence à faire l'unanimité sur le fait qu'on ne peut pas faire le business de manière durable si on n'intègre pas les questions de développement avec celles de la création d’emploi, la promotion du capital humain et la préservation de l'environnement: "the pursuit of profits had to be tempered by care for the environment and concern for people - both now and in the future, ....not as an option but as a necessity to survive. ". D’où le concept de Développement social et économique.

La nouveau réside dans le "comment le faire": autrement. Pas comme jadis, par le biais des dons et des chèques de charité, mais à travers les solutions de marché durables, capables d'être répliquées à échelle et qui produisent des impacts positifs sur les conditions de vie des populations. Ainsi, s’oriente-t-on vers l'entreprenariat ou des initiatives « which seek to maximize both financial return and social good". Les initiatives au niveau décentralisé semblent produire des résultats spectaculaires et devraient être privilégiées. L’exemple que je cite souvent est celui de Danone avec son initiative au Bengladesh : le yaourt Shoktidoi de Grameen Danone Foods (http://www.danone.com/fr/actualites/focus/grameen-danone-food.html), et celle au Sénégal : la laiterie du Berger (http://new.danonecommunities.com/fr/lalaiterieduberger?detail=more).

Dans ce genre d’initiative, on recherchera le profit, pas nécessairement pour distribution sous forme de dividendes, mais pour investir dans le « public good ». Elle repose aussi sur le partenariat pour accéder au marché, à la technologie et au financement. L'investissement qui a servi à financer doit cependant être remboursé. On recherchera alors des initiatives innovantes susceptibles de générer des profits pour investir dans les actifs collectifs : une unité de transformation de produits de base, par exemple ou le transport en commun. On en vient donc à développer deux instruments complémentaires: le Social Business Ventures et son véhicule financier : le Socially Responsable Investing.
Il y a encore très peu d'expériences de Social Business en Afrique. Elles ne sont pas très nombreuses en Europe non plus. Aux USA, les expériences qui marchent sont celles qui se développent aux Etats Unis même. L'idée est de créer un développement plus équilibré, surtout dans les communautés défavorisées. Shorebank est le leader dans le domaine.

Voici quelques URL à visiter pour les expériences existantes:
The Low Income Investment Fund: http://www.liifund.org/
The Community First Fund: http://www.commfirstfund.org/
Entreprise Coorporation of the Delta: http://www.ecd.org/
Noaber Foundation: http://www.noaber.com/Page/sp189/nctrue/Index.html,
ARTEMESIA, Social Business Model: http://www.artemisiafoundation.org/partners.php. Ils ont des activités au Sénégal (Synapse Center), au Brésil et en France.
Development Partners International, Africa Private Equity Initiatives: http://www.africanloft.com/development-partners-international-africas-private-equity-initiative/
The Shell Foundation - Aspire: GroFin’s Africa fund and the “missing middle” http://www.shellfoundation.org/pages/core_lines.php?p=about_us_content&page=origins. Ils ont des opérations au Ghana, en Afrique du Sud, au Kenya, en Tanzanie, en Ouganda, au Rwanda et au Nigéria.

Une nouvelle dynamique est en marche. Pour ma part, je souhaite participer activement à la sensibilisation afin que nous puissions l’intégrer dans nos choix de développement. Pour les personnes ou chercheurs qui s’intéressent aux questions du développement et de son financement, j’espère que ces pistes seront utiles.
L’année 2008 s’achève dans un contexte extrêmement difficile et on peut penser que les ondes de choc se feront sentir chez nous dans les mois à venir. Une motivation supplémentaire pour nous inciter à plus de raison (penser autrement), d’efficacité et de discipline.

BONNE ET HEUREUSE ANNÉE 2009

lundi, novembre 10

Quel modèle économique pour le développement local?


La décentralisation en tant que facteur de consolidation de la démocratie et de promotion du développement local est une exigence pour la création de richesse, la participation des populations et la réduction de la pauvreté. Si on observe que les politiques publiques font désormais une part importante au transfert des compétences, on déplore dans la plupart de nos pays, l’absence de transfert de ressources qui limitent les ambitions. Les évidences indiquent qu’on ne devrait pas s’attendre à une amélioration sur cette question dans le moyen terme vu l’état de déliquescence dans laquelle se trouvent les caisses publiques. Il s’y ajoute que la crise financière internationale va se traduire sans nul doute par un fléchissement significatif de l’aide publique au développement. Il est donc impérieux de penser autrement et de faire bouger les lignes sur la problématique de la réalité du développement local et de son financement.

Lors d’un récent atelier organisé au Sénégal sur l’élaboration de la politique sectorielle de la PME, atelier auquel j’ai participé comme personne ressource sur les questions d’accès au financement des PME, j’ai soumis au groupe de travail, une proposition visant à créer une fonds d’investissement de proximité, un véhicule financier visant à mobiliser les ressources de particuliers ressortissant des régions. Je pensais beaucoup aux émigrés et aux autres investisseurs nationaux qui jusqu’ici, pour des raisons évidentes, se focalisent sur Dakar, la capitale et le plus grand marché du pays.

Si le groupe a reconnu la justesse de ma proposition, il m’a mis en défaut sur sa pertinence. L’argument avancé est que, ce dont les collectivités ont le besoin, c’est avant tout, la capacité à élaborer de véritables programmes de développement et d’ingénierie financière d’entreprises. Le groupe estime que si ces conditions sont remplies, le problème de financement ne devrait pas se poser vu qu’en même je proposais la création d’un marché de capital investissement pour renforcer les fonds propres des PME dans la tranche de 50 à 200 millions de Fcfa au plan national.

J’ai donc revu ma copie, convaincu qu’il faut une action conjuguée en vue d’une réponse efficace, c'est-à-dire associer les efforts qui sont développés pour promouvoir les opportunités économiques en milieu rural et qui se traduisent par l’émergence d’un secteur privé au niveau local à la promotion de nouveaux instruments financiers avec une constante : le développement des chaînes de valeurs ou d’approvisionnement qui associent, de manière collaborative, les acteurs de toutes tailles (petits producteurs et leurs associations, les petites et moyennes entreprises de biens et de services, les grandes entreprises et les partenaires stratégiques), quelle que soit leur localisation (rural, peri-urbain ou urbain, offshore, etc.), qui concourent à la production et à la compétitivité des produits sur les marchés nationaux, régionaux et internationaux.
En même temps, il faut s’offusquer de l’utilisation du concept d’économie sociale lorsque l’on parle du développement local. Cette conception donne une caractérisation qui peut faire penser que les métropoles sont créatrices de richesse et les régions, les demandeurs de pitance et de charité. Cf. mon article du 20 mai 2006 intitulé : « Mission Impossible pour la PME – Influence de l’école occidentale ou absence de rigueur ». Ce paradigme est préjudiciable aux efforts de développement.
Pensez à l’image réductrice qu’on colle à la microfinance : c’est la banque des pauvres. Dans l’administration, le développement local est souvent associé au développement social. Dès qu’on commence à penser développement local, c’est le « flou absolu dans notre tête », tout simplement pare que nous ne disposons pas de grille d’analyse adaptée. Nous ne sommes pas outillés pour ce travail et la facilité nous commande de prendre par le bout le plus facile : la charité qui veut dire donner sans attendre un retour. Alors que le développe exige des choix, une démarche logique de construction, dans la durée, qui mobile les acteurs autour d’objectifs partagés de bien-être collectif et futur.

De notre point de vue, il n’y a qu’une seule économie qui prend sa genèse dans un espace national (la territorialité) et qui échange avec le monde. L’urgence nous commande d’élaborer un construit intermédiaire qui lie l’espace aux activités économique et sociale, à l'innovation et aux compétences, ce que j’appellerai le Modèle Economique. Il permet de déterminer et d’opérationnaliser le plan de transformation d’une zone économique. Mobilisons nos énergies et ressources pour assister chaque région ou groupe de régions à développer son Modèle Economique et faisons de nos élus, de véritables acteurs de promotion économique et sociale, pour le bien-être des populations qui jugeront désormais sur les résultats.

Il est en effet certain qu’un modèle économique gagnant a de fortes chances de trouver du financement. Cependant pour aligner les flux financiers sur les flux physiques et faciliter la fludité des transactions, nous devons améliorer la palette de véhicules et d’instruments en développant les produits alternatifs de financement de filière et de proximité tels que le crédit bail, le capital risque, les fonds communs de placement associés à des incitations fiscales pour attirer dans les collectivités locales, l’épargne des émigrés et des investisseurs locaux. Les investissements socialement responsables offrent également d’excellentes perspectives. Ils permettent à l’investissement direct étranger (IDE) et aux grandes marques internationales, de développer au niveau régional, des entreprises d’envergure en mettant en valeur les ressources du terroir, pour créer de la richesse et des emplois, tout en préservant l’environnement.

La viabilité des modèles économiques dépendra in fine de la capacité des états à créer un environnement et des conditions favorables au développement des affaires, à créer une véritable dynamique de croissance, à améliorer les infrastructures collectives et la qualité des ressources humaines, toutes choses qui contribuent à réduire les risques économiques et le coût des transactions, seuls dénominateurs communs de la compétitivité des entreprises. Au Sénégal, il me semble qu’une coalition CEPOD - SCA - APIX, en collaboration avec le secteur privé et les ministères concernés, pourrait valablement conduire ce chantier.

samedi, mai 10

Utilisation de détaillants pour accroître la bancarisation

Je me permets de relayer une étude du CGAP qui reprend les idées déjà avancées dans une de mes notes en date du 16 décembre 2006 sur ce blog. J'ai souhaité la partager avec vous parce qu'elle fait avancer la réflexion en ce sens qu'elle apporte des réponses aux interrogations qu'on peut légitimement avoir. Elle présente également des applications concrètes dans des pays comme le Kenya, l'Afrique du Sud, le Brésil, les Philippines et l'Inde. Elle évoque également les challenges et risques que cette innovation engendre, notamment les questions de sécurisation des transactions, la lutte contre le blanchissement d'argent, l'absence de culture technologique dans les populations pauvres et la réglementation des services bancaires à distance.


Les services bancaires à distance représentent une nouvelle filière qui permet aux institutions financières et autres acteurs commerciaux, notamment les points de vente au détail tels que les épiceries, les pharmacies, les centres de loterie nationale, les magasins de semences et d’engrais, les stations services, les boutiques rurales, etc. de démocratiser et de fournir des services bien meilleur marché. Ce mode de distribution consacre également l'arrivée sur le marché financier d'opérateurs de téléphonie mobile qui non seulement sont de véritables gisements de trésorerie, mais aussi sont détenteurs uniques de plateaux techniques capables de gérer avec célérité, des millions de transactions de petits montants.


Pour les opérateurs de réseau mobile qui offrent des services bancaires et de paiement de
base suivant le modèle non bancaire, c’est un moyen d’accroître les recettes par client (facturation des messages texte et frais de transaction), de percevoir des intérêts sur les soldes des comptes virtuels détenus par leurs clients dans les banques commerciales, et de fidéliser les clients.


Pour les banques et les institutions de microfinance, les avantages sont considérables. Cette fiière permet de réduire considérables le coup des transactions et d'augmenter de manière significtive leur base de clientèle sur des segments qui jusqu'ici leur sont restés inacessibles. Par exemple, même dans les zones rurales, de nombreux pauvres ont accès aux téléphones mobiles bon marché et aux vendeurs d’unités téléphoniques prépayées. Les clients des services bancaires à distance utilisent des téléphones mobiles pour transmettre des instructions de transfert de fonds d’un compte personnel à un autre. Ils utilisent leur abonnement téléphonique pour échanger de l’argent contre sa valeur électronique sur un compte bancaire traditionnel ou virtuel, et inversement

Pour les pauvres et microentrepreneurs jusqu'ici exclus du système financier, les opérations sont moins onéreuses et il est plus facile de faire des transactions tranquillement avec son épicier dans son environnemnt immédiat que de s'exposer aux "intimidations" et complexité de l'environnement bancaire.

Pour lire l'étude au complet, cliquer sur http://www.capaf.org/Telech/CGAP/FocusNote_38_fr.pdf. Bonne lecture!

vendredi, mai 9

Vous avez dit Année sabbatique!

Plus de 12 mois se sont écoulés depuis mon dernier article. Cela ressemble bien à une année sabbatique ou plutôt, à une année d'hibernation. Tout site qui n'est pas régulièrement mis à jour perd de la valeur. Conscient de cela, c'est donc à un travail de reconquête que je vais me livrer en laissant le temps au temps.

Bien que loin de vous, j'ai toujours été proche par les travaux que j'ai continué de mener sur quatre problématiques majeures: le développement de la PME, l'innovation, l'accès au financement des PME et la croissance. L'innovation se trouve au coeur de la compétitivité et la PME dans nos économies émergentes, s'impose désormais comme le levier de la croissance, aidée en cela par le secteur public. Nous assistons à une nouvelle distribution des rôles dans laquelle l'Etat entend durablement mobiliser son appareil pour faire les réformes nécessaires et ses moyens pour lever les contraintes afin de créer un climat favorable aux affaires et promouvoir la compétitivité des entreprises sur le marché local, regional et international. Partout en Afrique où l'Etat a réussi cette métamorphose et à inscrire son action dans la durée et la constance, les changements ont été spectaculaires. Les performances de l'Ile Maurice, le Botwana, l'Afrique du Sud et la Tunisie nous le démontrent à suffisance et rendent l'espoir possible.

Dans les jours et semaines à venir, je me propose d'aborder ces questions avec vous.

A bientôt!