samedi, avril 15

Mission impossible pour la PME africaine (03)

Ceci est la suite de l'article intitulé "Mission Impossible pour la PME africaine". Par conséquent, bien vouloir lire l'introduction et la partie 2 avant d'aborder celle-ci. Merci aussi pour les commentaires et les contributions.
Le choix politique

Face à la faillite de l’Etat providence et la poussée du libéralisme (démocratique), la plupart de nos pays ont fait le choix d’une économie de marché et entendent asseoir la création de richesse et la croissance sur le secteur privé. Cependant on est surpris de l’exercice du grand écart qui consiste à assimiler le secteur privé uniquement aux PME formelles désormais présentées comme le moteur de la croissance dans un marché de plus en plus global.

Par opposition au secteur public, le secteur privé désigne des entités économiques dont la majorité du capital ou de la propriété est détenue par un ou plusieurs individus. Le secteur privé se définit comme des unités qui ne relèvent ni de la propriété de l'Etat ni de la propriété collective et regroupe les entreprises multinationales, les fondations, les petites et moyennes entreprises (PME) et les corps professionnels, les micro-entrepreneurs qu’ils soient ruraux ou urbains.

Ce qui caractérise ces acteurs, c’est la prise de risque. Un entrepreneur est un agent économique qui porte une idée de projet (généralement une innovation) valorisable par un marché et accepte de prendre des risques. Le petit exploitant qui entreprend une production orientée vers le marché (différent de la culture de subsistance), investit dans les intrants, la production, dans un environnement très incertain et hostile (climat, accès limité difficile au marché, au crédit et à l'information, pertes élevées de récolte, etc) pour un marché qui n’est guère garanti, prend d’énormes risques. Il est un entrepreneur au même titre que celui qui produit des détergents ou celle qui crée une unité de transformation de produits agricoles dans les faubourgs des grandes villes. Le seul facteur qui les distingue, c’est le niveau d’investissement.

Par ailleurs, l’analyse du secteur privé fait la distinction entre le sous secteur moderne structuré et le sous secteur non structuré communément appelé «secteur informel» qui regroupe le petit commerce, les artisans, les activités agro-pastorales, les micro-entreprises rurales et leurs organisations.

La balcanisation économique
Le choix du libéralisme économique est sans doute judicieux, car aujourd'hui, il n'existe pas d'alternative. Les blocs ont disparu et la Chine, après des décennies de résistance s'y emploie à merveille au point de devenir importatrice de nourriture. Mais à la manière! Cependant, on est "désarmé" face au nouveau paradigme qui guide la mise en oeuvre de la politique économique et qui consiste à ne s'interesser qu'aux PME formelles et à relèguer le secteur informel et l’entreprenariat rural à des entités de seconde zone qui s'accomoderaient bien de solutions sociales ou de charité.
On comprendrait que pour des raisons de ciblage et d’efficacité, l’on puisse stratifier les entreprises selon les critères de taille, de forme juridique ou de localisation, parce que représentant des entités ayant des besoins spécifiques qui demandent des solutions particulières. Ce serait en revanche une erreur sémantique bien lourde de conséquences que de vouloir développer une politique qui marginalise les entreprises rurales et informelles, surtout que celles-ci représentent l’essentiel de notre base productive.

Une caractéristique forte du tissu économique dans les pays en voie de développement, c’est que le secteur informel productif représente 90% de la création de richesse dont une bonne partie échappe à la comptabilité nationale. Des études empiriques récentes démontrent que la contribution des PME formelles à la création d’emploi et à la richesse nationale est inférieure à celle du secteur informel qui constitue la source de revenu d’environ 80% de la population, dont les plus pauvres.

La prochaine note tente de donner des explications à cette héresie: la marginalisation des PME informelles qui aujourd'hui créent plus de richesse que les PME formelles.

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