jeudi, mai 18

La chaîne de valeur et la compétitivité des produits agricoles

Mise au point par Michael Porter, la chaîne de valeur est un outil d’analyse stratégique permettant d’identifier, au sein d’une entreprise, les différentes activités clés créatrices de valeur pour le client et une marge satisfaisante pour l’entreprise. Elle repose sur l’enchaînement, la succession d’activités étape par étape jusqu’au produit ou service final. Chaque étape permet d’y ajouter de la valeur formant ainsi « la chaîne de valeur ou la valeur en chaîne».

Appliquée à une filière agricole, la chaîne de valeur représente un ensemble d'activités interdépendantes et séquentielles dont la mise en œuvre permet de créer de la valeur identifiable et mesurable pour un produit sur un marché spécifique. Elle comprend les acteurs directs que sont les fournisseurs d’intrants agricoles, les producteurs, les commerçants et négociants, les industriels et les distributeurs de produits transformés. Le deuxième groupe d’acteurs  est  formé des fournisseurs de services de soutien comme les agrégateurs, les gestionnaires de magasins de stockage ou de conservation, les concepteurs de marque et fournisseurs d’emballage, le transport logistique, les prestataires de services spécialisés divers comme les instituts de recherche, la certification, les services de marketing et de communication et bien sûr, les fournisseurs de services financiers et d’informations de marché.

Au niveau macro, la chaîne de valeur intègre également les infrastructures (route, électricité et eau), le cadre légal et règlementaire (foncier, normes et labélisation, fiscalité, règlementation régionale et internationale, etc.) et la politique de développement du secteur qui constituent aussi des leviers majeurs de compétitivité pour la chaîne de valeur.

Premier enseignement : le cadre d’analyse de l’agriculture ou de l’évaluation d’un investissement dans l’agriculture doit aller au-delà de la production et des petits exploitants qui les caractérisent en Afrique subsaharienne. C’est à tout ce florilège d’acteurs économiques interdépendants (micros, petits, moyens et grands) et à leur système de marché que nous devons désormais penser lorsque nous abordons l’agriculture commerciale.

Deuxième enseignement : le marché, c’est à dire les consommateurs, constitue l’essence et le point d’ancrage, d’où  l’importance de bien comprendre les mécanismes de marché si l’on veut optimiser une chaîne de valeur. Ce sont les exigences du marché et de la compétitivité du produit qui déterminent la structure (complexe ou simple, courte ou longue) de la chaîne de valeur. On dit qu’une chaîne de valeur se construit de la gauche vers la droite ou de l’amont vers l’aval mais s’exécute de la droite vers la gauche.

Comparée à la filière, la chaîne de valeur se distingue par son approche orientée marché et son focus sur des produits finis. En effet, la filière part d’un produit de base et aboutit à des produits finis alors que la chaîne de valeur part d’un produit particulier ou spécifique pour un marché précis (local, sous régional, international). Par exemple, quand on parle de filière manioc, le produit de base est le manioc et les produits finis sont les cossettes, le gari, l’attiéké, le couscous, les spaghettis, le foutou, les chips, les beignets, les gaufrettes, le yaourt, l’éthanol, etc. Les chaînes de valeur dans ce cas sont par exemple, le gari, le foutou, l’attiéké, les beignets sur le marché de l’Afrique de l’Ouest, le bâton de manioc sur le marché de l’Afrique Centrale, les agglomérés et les cossettes de manioc pour le bétail en Europe et en Asie.  

Par ailleurs, dans l’approche chaîne de valeur, les acteurs sont interdépendants et la démarche est collective. On se préoccupe de la compétitivité de la chaîne. Certains parlent de « compétition collective » qui est à l’antipode de la compétition individuelle et des rapports en bras de fer qui caractérisent la filière. Au cœur de ce collectif, se trouve l’intensité du partage d’information qui est bien plus déterminante que le capital dans le bon fonctionnement de la chaîne de valeur. Pour que le collectif marche, l’information doit être partagée tout au long de la chaine de valeur sur les exigences du marché (les consommateurs, la qualité des produits demandés et les préférences), l’itinéraire technique du produit, les normes, les prix, les cycles, les variétés et leurs rendements, la qualité des sols, la recherche et les innovations, les technologies, la compétition mondiale et les fenêtres de tir pour les divers produits, la politique de l’Etat, etc.

Troisième enseignement : les flux informationnels sont aussi importants que les physiques de marchandises. Le partage d’information est crucial pour la compétitivité de la chaîne. Il donne de la visibilité et de la transparence dans un système d’organisation ou dans ce dispositif institutionnel aussi complexe que la chaîne de valeur. Les risques sont mieux partagés lorsque les flux physiques et informationnels sont alignés. Les fournisseurs de services financiers et de capitaux (banques, assurances, fonds d’investissement). Les risques sont portés de manière équitable, c’est à dire par les acteurs qui sont les mieux équipés et ils sont rémunérés en raison des risques pris.

Somme toute, la chaîne de valeur est basée sur des systèmes intégrés, une production différenciée, la gestion des risques, des besoins d’information et l’interdépendance des exploitants agricoles et des autres acteurs du système de marché. J’espère que cet article vous a édifié sur la chaîne de valeur agricole et ce qui la distingue de la filière, deux termes qui sont fréquemment utilisés de manière interchangeable alors qu’ils n’ont pas la même signification.

Pour bien comprendre une chaîne de valeur, il faut en saisir le modèle économique. Je vous entretiendrai prochainement sur les divers modèles économiques qui permettent d’intégrer les petits exploitants, socle de l’agriculture en Afrique subsaharienne au marché et à l’économie dans le but d’améliorer leur revenu, de réduire la pauvreté rurale et de promouvoir une croissance inclusive.   

En attendant, faites-moi part de vos commentaires. Merci.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

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